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Chapitre 10

Publié le par algedi

Kaïtos observait le soleil se lever au bout des pistes de l'aéroport. L'air était encore frais. Il était très tôt et il avait mal dormi. Il avait toujours en tête les événements de la veille. Il fallait coûte que coûte qu'il retrouve ce type qui les avait battus. Mais, au lieu de cela, il était contraint de se lever à l'aube pour attendre un avion.

On lui avait fait savoir que le général Kaya avait demandé à ce qu'il supervise personnellement le dispositif de protection du général Mirach. Il ne comprenait pas du tout cette demande. Après tout, ce dispositif pour l'arrivée d'une personnalité était bien rôdé. Ses hommes étaient entraînés à cela et ils savaient exactement où se placer. Il n'était vraiment pas nécessaire qu'il soit lui même sur place. Il se demanda s'il ne s'agissait pas d'une punition qu'on lui infligeait. La clémence dont Kaya avait fait preuve à son égard la veille au soir était suspecte car elle avait plutôt la réputation de ne pas tolérer la moindre erreur.

Kaïtos était encore dans ses pensées quand sa radio grésilla. On lui annonçait l'arrivée de l'avion.

Il vérifia une dernière fois que ses hommes étaient postés correctement sur les points hauts. Il avait ajouté quelques androïdes gardiens à l'entrée de l'aéroport pour éviter toute intrusion. Mais il ne pensait pas que cela puisse se produire : personne n'oserait s'attaquer directement au Nitaï.

Il se rappela soudain qu'un des androïdes qu'il avait envoyé patrouiller dans les ruelles du côté de la zone industrielle avait disparu. Il avait peut-être trouvé l'entrée des souterrains et sa radio ne passait pas en sous-sol. Mais pourquoi n'était-il pas ressorti? Il espéra que ce ne fût pas un problème de batterie car la perte d'un androïde allait lui causer encore pas mal d'ennuis avec sa hiérarchie. Surtout si Kaya l'avait déjà à l'œil.

Il observa l'avion se poser. Le général Mirach en sortit, accompagné par son aide de camp, le colonel Menkalinan. Kaïtos fut surpris de constater qu'ils n'avaient pas d'escorte. Mirach était tout de même le numéro deux de l'armée. On le présentait souvent comme le bras droit de la princesse Coronia.

C'était la première fois qu'il les voyait. Les deux hommes portaient leur uniforme d'officier. Ils étaient tous les deux bâtis comme des catcheurs, mais Mirach était celui qui était le plus impressionnant. Il était grand et ses muscles saillaient sous son uniforme, comme s'il portait des vêtements trop serrés. Son visage était dur, aux traits anguleux et il avait la mâchoire carrée. Malgré sa masse, il n'avait pas l'air pataud. Au contraire, sa démarche rapide et souple laissait transparaître une grande maîtrise de ses mouvements. A ses côtés, Menkalinan avait l'air mince. Ce qu'il n'était pas lorsqu'on le comparait aux autres soldats qui se trouvaient en protection sur le tarmac.

Kaïtos ne put s'empêcher de constater que les deux hommes étaient plutôt jeunes, une vingtaine d'année tout au plus, même si Menkalinan semblait être le plus âgé. Une fois de plus, il ne comprenait pas comment on pouvait nommer à des postes aussi élevés des personnes aussi jeunes que lui. Mirach, tout comme Kaya, devaient vraiment avoir quelque chose de spécial pour en être arrivés à un tel niveau de responsabilité à leur âge.

Kaïtos vit les deux hommes traverser la piste sans même saluer les soldats qui jalonnaient leur passage. Quelques secondes plus tard, on lui annonça par radio qu'ils venaient d'entrer dans la voiture qui les attendait à l'extérieur. Sa mission était terminée. Il allait enfin pouvoir se mettre à la recherche des deux types de la ruelle.

 

Kaya les attendait dans la voiture. Lorsque Mirach s'installa, elle lui adressa son plus beau sourire :

- Alors, tu as fait bon voyage?

- Epargne-moi les mondanités. C'est quoi ton histoire?

Kaya comprit qu'il n'était pas d'humeur à plaisanter. Elle savait qu'il venait à la demande de Coronia pour reprendre les affaires en main. Cela ne lui plaisait pas du tout. Même si on ne lui retirait pas son commandement, la présence de Mirach lui laisserait moins de marge de manœuvre. Mais elle faisait comme si elle n'était pas gênée.

- Comme je te l'ai dit, un type a attaqué des soldats hier soir. C'était des Fantômes, ils étaient quatre et ils se sont quand même pris une bonne raclée.

- Ces hommes sont des incapables, grogna Mirach.

- Arrête! Je suis sérieuse. Ce type était doué. En plus il portait une tenue de combat.

Mirach leva un sourcil interrogateur :

- Et alors?

Kaya n'aimait pas ce petit jeu.

- Allons! Tu vois très bien ce que je veux dire.

Mirach acquiesça.

- Très bien. Tu penses vraiment qu'il y a un lien avec le Kitaï et Saturnia?

- A mon avis oui. Le type était entraîné. Et je ne pense pas que ça puisse être un hasard. J'ai déjà mis quelqu'un sur le coup.

- Quelqu'un? Il faut s'en occuper nous même. Tes bons à rien n'arriveraient pas à trouver un éléphant dans un couloir!

La remarque fit mouche, mais Kaya conserva son calme. D'un air langoureux, elle lui prit la main et rétorqua :

- Patience, mon chéri! On va les trouver, ne t'inquiète pas!

Mirach retira sèchement sa main.

- Ne m'appelle pas comme ça.

 

Suite : Chapitre 11

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