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Chapitre 3

Publié le par algedi

Shara avait été emmené dans une petite pièce basse de plafond dont les murs comportaient de nombreux renfoncements, garnis de barreaux, qui formaient des petites cellules. L'éclairage était blafard et accentuait la sensation d'étouffement et d'oppression que donnaient les lieux. Shonie entra dans l'une des cellules, lui désigna un banc à côté duquel se trouvait un homme en blouse blanche et lui demanda de s'asseoir. En entrant, Shara remarqua que la petite escorte qui n'avait cessé de le surveiller depuis le début était restée à distance. Shonie leur fit signe de fermer la porte grillagée qui donnait accès à la pièce. Contrairement aux autres, elle ne semblait pas avoir peur de lui. Elle s'assit sur le banc, à ses côtés.

La jeune femme avait les cheveux blonds foncés, coupés courts. Elle le fixait de ses yeux marron avec un air déterminé et accusateur. Elle semblait être à peine plus âgée que lui, peut-être un an ou deux de plus, mais il lui semblait qu'elle avait dans le regard le charisme et la maturité d'une personne qui avait beaucoup vécu.

- Tu comprends que je suis obligée d'être prudente, pour notre sécurité à tous, lui dit-elle d'un ton sec, qui n'amenait aucune contestation.

Shara acquiesça. Elle poursuivit :

- L'homme qui est à côté de toi est médecin. Il va examiner et soigner ta blessure. Cela ne te gêne pas?

Shara fit signe que non et tendit sa main droite vers l'homme en blouse blanche qui commença à le soigner.

Shonie continuait à observer Shara :

- Faïgon m'a raconté ce qui s'est passé. Je tiens d'abord à te remercier pour ce que tu as fait pour eux. Mais il y a des choses dans cette histoire que je veux éclaircir. Dis-moi d'abord qui tu es et d'où tu viens!

Shonie remarqua que le jeune homme ne semblait pas impressionné. Elle était déterminée à déceler le moindre signe qui pouvait le trahir s'il était un espion à la solde du Nitaï. Il commença son récit. Il semblait calme et posé, comme si le fait de s'être fait tirer dessus et de se trouver dans une cellule avec des inconnus qui le surveillent ne le gênait pas le moindre du monde. L'état de saleté dans lequel il se trouvait donnait l'impression qu'il avait passé beaucoup de temps dans la rue. Pourtant, il avait les traits fins et un visage doux qui lui donnaient un air d'enfant malgré sa barbe de trois jours. Il n'avait pas l'air dangereux. Il avait même un côté attendrissant. Mais Shonie restait méfiante. Elle continua à l'observer, guettant le moindre geste suspect.

Il lui raconta qu'il n'avait pas connu ses parents : ils l'avaient confié très jeune à un grand maître qui dirigeait une école d'arts martiaux à environ quatre jours de marche de Pyxis, dans un petit village en haut des montagnes. Le maître s'appelait Dschubba. Il était très connu et beaucoup d'hommes venus de tous les pays lui demandaient de faire partie de ses élèves. Mais c'était un privilège que le maître n'accordait qu'à de rares élus. Il considérait Shara comme son propre fils et, en plus des arts martiaux, lui enseigna tout ce qu'il savait.

Le médecin interrompit le récit en s'adressant à Shonie :

- Rien de grave : la balle l'a frôlé, mais n'est pas rentrée. Je vais juste faire quelques points de suture.

Shonie perçut le petit clin d'œil discret qu'il lui adressa : elle savait que cela signifiait qu'il n'avait rien décelé d'anormal qui aurait pu laisser penser qu'ils avaient affaire à un cyborg. L'armée du Nitaï était très avancée technologiquement, en particulier dans la robotique. Ils étaient capables de concevoir des machines plus ou moins autonomes. Certaines avaient une apparence humaine : des androïdes. Ils avaient également exploité le concept de prothèses mécaniques pour soigner leurs blessés amputés d'un ou plusieurs membres. Ils étaient suffisamment au point pour créer des humains dont le corps était constitué à plus de quatre-vingt pour-cent d'organes mécaniques et électroniques, recouverts d'une peau artificielle très semblable à celle des humains. Mais ces cyborgs présentaient des instabilités psychologiques. Shonie avait lu pas mal d'articles à ce sujet, où des spécialistes expliquaient qu'un suivi était indispensable pour que ces personnes acceptent leur nouveau corps. Or l'armée du Nitaï ne faisait pas dans la dentelle. Même s'ils avaient bien compris, après plusieurs échecs, qu'il ne fallait opérer que sur des volontaires, Shonie doutait fortement que les super-soldats ainsi créés bénéficiaient d'un suivi psychologique suffisant.

Plus elle observait Shara et plus elle pensait qu'il était « normal » : il restait calme et il avait même eu quelques petits rictus de douleur pendant que le médecin nettoyait et recousait sa plaie. Mais le fait qu'il soit réellement blessé ne l'empêchait pas d'être un espion. Elle incita le jeune homme à poursuivre son récit.

Il précisa que son maître lui apprit, lorsqu'il avait une dizaine d'années, que ses parents étaient morts. Il avait refusé de lui expliquer dans quelles circonstances. Il se contenta simplement de lui expliquer qu'ils s'appelaient Maya et Aldéron et qu'ils étaient de grands guerriers. Ils lui avaient confié leur fils pour le protéger d'un grand danger. Le maître n'était pas un homme dont on discutait les ordres, alors Shara n'avait jamais cherché à en savoir plus à ce sujet.

Shonie remarqua que le jeune homme avait de l'émotion dans la voix. Il marqua une pause, comme si le souvenir du récit lui était douloureux, puis reprit en racontant que moins d'une semaine auparavant, alors qu'il était parti couper du bois comme tous les matins, il entendit des cris qui provenaient du village. Il se précipita sur place mais arriva trop tard. Le village était en feu et tous les habitants avaient été massacrés. La vision était terrible. Même les élèves de son maître, qui étaient tous de très bons combattants, avaient été terrassés. Pourtant, nulle part Shara ne vit de traces d'armes à feu. Il avait du mal à comprendre comment les combattants qui vivaient là n'étaient pas parvenus à se défendre face à leurs mystérieux agresseurs. Ces derniers avaient disparu, laissant derrière eux le village dévasté.

Shara s'interrompit à nouveau. Shonie voyait bien qu'il retenait ses larmes. Il précisa que même son maître, qui semblait invincible aux yeux de tous, n'avait eu aucune chance. Shara avait tenu son corps sans vie dans ses bras pendant des heures avant de se décider à enterrer toutes les victimes. Il y avait en tout quarante deux personnes, hommes et femmes, qu'il avait côtoyées depuis son enfance. Ils étaient tous devenus sa famille. Ensuite, Shara quitta le camp et marcha pendant quatre jours avant d'arriver à Pyxis, guidé par les lumières de la ville. Il y errait sans but lorsqu'il aperçut, au détour d'une ruelle, Faïgon et Jodie entre les mains des soldats.

Le jeune homme était profondément bouleversé par son récit. Il avait l'air honnête et Shonie sentit qu'elle pouvait lui faire confiance. Elle n'était pas du genre à s'émouvoir facilement et n'accordait pas si facilement sa confiance, surtout à un étranger. Mais quelque chose de bon émanait de lui. C'était indéfinissable, mais suffisant pour qu'elle décide de suivre son instinct, qui l'avait rarement trompé par le passé : elle allait lui accorder une chance. Abandonnant sa méfiance, elle l'observa à nouveau. Il tentait de retenir ses larmes, et elle le trouva touchant. Elle lui proposa alors de lui montrer un endroit où dormir et où il pourrait se nettoyer et changer de vêtements. Puis elle fit signe aux cinq hommes qui attendaient toujours derrière la porte qu'ils pouvaient s'en aller.

 

Suite : Chapitre 4

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C
<br /> Impressionnante, la géopolitique de la région ! On dirait un de mes vieux cours de géo ! :p<br /> <br /> <br /> Plus sérieusement, j'aime bien l'idée de cette vieille puissance industrielle devenue ruine et la demeure de la misère de ce nouveau monde...<br />
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G
<br /> Bonjour algédi, et oui moi aussi je t'ai retrouvée j'ai essayé plusieurs fois mais il y a bien longtemps sans y arriver. Et ben voilà je suis contente de te revoir parmis nous. J'ai lu ton article,<br /> une histoire de bagarre en tous cas ici: apparemment, mais comme d'habitude j'arrive après la bataille c'est bien fini j'ai plus qu'à compter les blessé héhé. Ne m'en veux pas si je ne suis pas<br /> régulière et que je ne lis pas l'histore en entier je suis une pie qui ne tient pas en place et qui est bien occupée !! Mais je viendrai promis en lire quelques -uns!! Je te fais de gros bisous à<br /> plus..............flap flap flap<br /> <br /> <br />
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A
<br /> lol ! merci ! il se débrouille bien mais il y a plus fort que lui !<br /> <br /> <br />
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S
<br /> C'est donc lui Shara, je l'aime bien ce type, il est super fort Bruce Lee peut aller se rhabiller :p il est gentil, il fait preuve d'humilité, courageux bref le mec parfait qu'on croise pas<br /> souvent... hate de connaitre la suite<br /> <br /> <br />
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